"La petite fille sur la banquise", Adélaïde Bon, Editions Grasset, 2018
- Catherine GRIOT
- 25 févr. 2024
- 1 min de lecture
Un récit d'une justesse rare, celui d'une femme qui, petite, subit un viol.
De la mémoire traumatique à la réparation, elle décrit sa dissociation au moment de l'agression, comment elle a été colonisée par les sentiments pervers de cet homme. Et puis, grâce à ses mots vient tout ce qui la détruit : boulimie, phobie, addictions, elle tombe malade sans pouvoir faire le lien avec le viol.
Des années de combat, de psychothérapie et un travail spécifique sur le psycho-trauma vont lui permettre de guérir. C'est aussi l'occasion de constater avec effroi à quel point les mécanismes du traumatisme psychique sont presque totalement ignorés par les professionnels de la santé, par ceux de la justice.
Certains cherchent des contusions, des ecchymoses sur le corps de la petite fille, d'autres demanderont au procès s'il est bien vrai que l'on peut tout oublier des gestes d'un viol.
Pour nous, psychanalystes, qui prenons en charge ces victimes de violence, il est urgent d'expliquer au plus grand nombre comment fonctionnent les défenses psychiques en cas de trauma : sidération, dissociation, oubli traumatique et toutes les maladies graves, conséquences directes de l'impossibilité pour le psychisme d'intégrer comme tels ces éléments hétérogènes au reste de la personnalité.
Expliquer comment un travail psychothérapique de fond permet de supprimer les souffrances et d'espérer comme disait W.R Bion "une croissance psychique".
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